Pour honorer cette vie qui nous est donnée

Très tôt dans la vie, on a l’impression qu’il fait trop froid et trop sombre quand on est seul. Il manque quelque chose. Le bébé, à peine sorti du cocon maternel, se sent déjà en exil. Il ne veut pas déployer ses ailes: il veut retourner là d’où il vient, retrouver la chaleur et la douceur de sa toute première maison. Inconsciemment, la plupart d’entre nous en rêvent encore, et cette quête – ce désir de réunification – est bien souvent celle de toute une vie.

En Inde, nombreuses sont les mamans qui massent leur bébé. Pour l’aider à accepter et à intégrer ce monde, hostile à prime abord. Pour le rassurer, créer avec lui un lien bien vivant et pour le toucher, tout simplement. C’est si important…

Chez nous, les « civilisés », ce rituel est pour ainsi dire inexistant. De fait, presque tous les rituels et rites de passage ont disparu de nos coutumes au fil du temps. Récemment, je me suis mise à imaginer comment nous pourrions accueillir nos nouveaux-nés; aider nos jeunes à passer de l’adolescence à l’âge adulte, et accompagner nos proches lors de leur passage entre la vie et la mort.

Les rites et rituels sont primordiaux. Ils permettent de reconnaître et souligner ce qui a vraiment de l’importance ou, dans le cas des rites de passage, de franchir une étape cruciale, non pas superficiellement mais intégralement.

Nous, qui ne manquons de rien (sauf de l’essentiel), avons tendance à traverser la vie sans trop savoir où aller, déambulant entre les désirs à combler et les peurs à maîtriser. Nous sommes légion à n’avoir jamais surmonté l’exil de la naissance ou à n’avoir jamais vraiment quitté l’adolescence.

Il nous reste tant à apprendre – ou à réapprendre – pour honorer cette vie qui nous est donnée.